Étymologiquement, le terme est assez clair. En grec, ennea désigne le chiffre 9 et grammos signifie « schéma ». C’est donc une typologie de la personnalité, une déclinaison de 9 types de comportements perçus comme fondamentaux. Chacun d’entre eux présente des traits caractéristiques de l’individu : ses moteurs, ses peurs, ses croyances, ses schémas de pensée. Si le terme est aisé à comprendre, son usage, en revanche, l’est un peu moins. Au-delà d’une présentation de comportements typiques, c’est surtout un outil subtil de développement personnel ou une grille d’analyse des attitudes d’autrui. En un sens, l’ennéagramme peut être abordé comme une voie d’accès à soi-même comme aux autres. Nous avons interrogé Cécile-Flora Lefevre afin d’en savoir davantage, car l’accompagnatrice d’entrepreneurs et l’intervenante en entreprises réalise aussi de la formation à l’ennéagramme. À dire vrai, c’est même sa spécialité. Notre interlocutrice entretient pour l’outil un goût prononcé, et même une franche admiration :

« Chacun des 9 profils se ramifie en 3 sous-types. En conséquence, c’est à 27 profils que nous avons affaire ! Mais, la richesse du modèle est encore ailleurs. L’outil est assez fin pour comprendre au sein d’un même profil des individus extrêmement différents : il accepte des parts d’interprétations et de libertés sous chaque trait caractéristique. Figurez-vous que Mère Thérésa et Vladimir Poutine, même si leurs biographies montrent des attitudes notoirement distinctes, portent le même bonnet… ». Oui, un bonnet ! Dans une perspective à la fois pédagogique et ludique, Cécile-Flora Lefevre a associé un bonnet de couleur à chacun des 9 profils. Elle porte d’ailleurs le septième, l’orange. Sans surprise. C’est la joueuse, l’optimiste, celle qui a soigneusement conservé sa part d’enfance, qui recadre les situations de manière positive. Si la connaissance de soi est une affaire sérieuse, profonde, elle ne dispense pas des facéties, de l’humour et de la légèreté ! C’est à ce prix que l’on popularise efficacement. Une femme positive, donc.  Élogieux portrait ? « Pas vraiment. Du moins, pas seulement… Nous portons tous conjointement la lumière et l’ombre. Mon bonnet orange pointe aussi un idéalisme, une tendance à ne pas toujours accepter les situations pour ce qu’elles sont, à glisser les émotions négatives sous le tapis… ». En somme, l’ennéagramme est aussi complexe que le sont les êtres, et sa vocation c’est précisément d’épouser tous ces contours intérieurs, de les éclairer, d’optimiser le rapport à soi-même. L’ennéagramme ouvre à la liberté. « Reproche-t-on à l’anatomiste de réduire la mobilité lorsqu’il décrit le fonctionnement du corps ?! »

Exploiter l’ennéagramme pour rendre la vie plus agréable

L’ennéagramme est aussi un formidable moteur pour la liberté. Cécile-Flora Lefevre  est claire : « Il ne fait rien de plus que cartographier ce qui existe. Il nous éclaire sur les motivations d’un comportement, mais ne prétend pas les anticiper. En fait, il explique ce qui est fait et invite à de nouveaux chemins pour l’avenir. On peut toujours changer.  ». Prendre conscience de la cause de nos agissements est la meilleure manière pour se libérer d’automatismes ou d’habitudes délétères. Dans ses formations, elle tient d’ailleurs à l’interactivité et au dynamisme. Elle fait parler les stagiaires, il importe que ce qu’ils vivent dans les baskets de leurs profils soit explicitement présenté à tous. Avoir une ouverture de conscience sur les autres est fondamental, ne serait-ce que pour repenser notre relation à eux (exemple : « tel proche a simplement l’excès d’une qualité que je n’ai pas »….). En fait, l’ennéagramme présente des polarités. « Nous sommes tous les pièces complémentaires d’un même puzzle », elle ajoute : « Il est bon de trouver sa juste place, beaucoup de gens se sentent comme des orchidées dans un champ de chardons ».